Un peu d’histoire
Les pratiques agricoles ont connu un bouleversement au XXe siècle suite à la reconversion des industries d’armement en production d’engrais azotés ou encore par le développement de la prospection géologique et minière. Ces évolutions notables ont fourni des minéraux sous forme simple, rapidement assimilables par les plantes. A cette même époque ont été découverts et développés les premiers insecticides issus des gaz militaires hilarants. Ces nouveautés, liées à la mise en place d’une Politique Agricole Commune (PAC), ont permis une forte augmentation des rendements [1]. L’objectif recherché est alors atteint : le manque de nourriture d’après-guerre est palier et les tickets de rationnement disparaissent 5 ans après la fin de la guerre 1939-1945.
Les principes de la protection intégrée
Ces évolutions ont mené à une agriculture dite intensive puis raisonnée. Pour assurer les rendements, un certain nombre de traitements sont nécessaires
La protection intégrée vise une approche différente dans le but de limiter l’utilisation des intrants (engrais et phyto) tout en assurant, si ce n’est un rendement équivalent (les recherches de l’INRA parlent d’une baisse de 5 à 10%), une marge [2] équivalente.
Il s’agit de mettre en place des pratiques agronomiques en amont afin de n’utiliser les phytosanitaires que de manière curative. En voici deux exemples :
utiliser des variétés tolérantes aux maladies et à la verse [3]
retarder la date et la densité de semi afin de limiter le développement des maladies, champignons…
Il est difficile d’écrire un itinéraire cultural type en protection intégrée, l’objectif étant de réagir au plus près des aléas de l’année. Néanmoins on peut présupposer de la suppression d’un herbicide, du régulateur de croissance et de l’application d’un unique fongicide.
Un conseil « protection intégrée » sur le Plateau Picard
Depuis 2007, la Communauté de communes propose aux agriculteurs de contractualiser des Mesures Agro-Environnementales Territorialisées (MAET) [voir article « Les MAET : bilan des engagements depuis 2007 »]. Ces derniers hésitent cependant à s’engager devant la difficulté technique qu’elles imposent : comment réussir sa production (rendement, qualité…) tout en diminuant de 35 ou 50% l’utilisation des pesticides ? En effet si cela était simple, l’ensemble des agriculteurs le mettrait en œuvre depuis longtemps. C’est pourquoi, la Communauté de communes propose un accompagnement spécifique via un conseil en protection intégrée. Notre objectif est d’accompagner les agriculteurs vers une diminution réussie de l’utilisation des intrants afin que la démarche soit pérennisée sur le long terme (au-delà des 5 ans de contractualisation des MAET).
La Charte Protection Intégrée
Depuis 2012 un groupe d’agriculteurs « Protection intégrée » s’est donc constitué sur le territoire, et ce pour trois ans, en adhérant à la Charte Protection Intégrée. A l’écoute des conseils promulgués, ils sont aussi relais de communication auprès d’agriculteurs voisins et force de proposition à la mise en place de nouvelles techniques alternatives (ex. : désherbage mécanique).